« 86% des Community Manager sont incompétents », ou les dérives du buzz en bullshit

« 86% des Community Manager sont incompétents », voici le titre d’un article que nous avons découvert sur 2 forums dédiés aux community management et social media. Chroniques d’un buzz aux allures de bullshit…

Un titre détonnant du maître du web (si si c’est écrit dans sa bio Twitter)

Plusieurs forums spécialisés dans le social media existent, permettant d’échanger et de dialoguer autour d’informations très intéressantes. Pour ma part, je profite de ceux-ci pour parfaire mes connaissances et pour apporter, à petites touches, ma contribution à ces belles plateformes. Pour n’en citer que quelques-uns de mes préférés, je vous conseille :

Aussi, le 8 octobre dernier, deux posts ont attiré mon attention, (et pas seulement la mienne d’ailleurs) au sein de ces communautés dont le contenu était relativement similaire, et pointant vers un article :

Cet article, quel qu’il soit, affiche alors un titre détonnant et prêt à faire bondir quiconque travaille de près ou de loin dans le social media : « 86 % des Community Manager et experts de réseaux sociaux sont des arnaqueurs et des incompétents ».

Ouch, c’est le premier effet d’une telle annonce, laissant très vite place à l’étonnement puis à la curiosité. En effet, vais-je enfin découvrir que ce métier, que dis-je cet état d’esprit, dans lequel je travaille ne serait que poussière ? Je me disais aussi qu’il fallait que je songe déjà à une reconversion… Bref, ne nous arrêtons pas là et observons cet article !

Entre autres nous pouvons relever :

  • les quelques phrases bancales : « Face à l’augmentation des nouveaux métiers du web, l’AFL a demandé […] de vérifier la fiabilité des métiers tels que ceux qui sont annoncés comme des experts de réseaux sociaux et des animateurs de communauté … »,
  • les titres agressifs : « Des résultats qui montrent qu’il ne faut jamais engager ces crétins ! »
  • et surtout une multitude de chiffres en tout genre : « 92 % ont affirmés », « 78 % des profils », etc…

Cet article, complètement à charge contre les community managers et experts en social media, affirme pour finir « qu’une moyenne de 86 % des Community Manager et Experts en réseaux sociaux ont une idée plus ou moins vague de ce qu’ils sont censés faire pour promouvoir l’image de l’entreprise qui les ont engagés. »

Un fond décevant vis à vis des attentes suscitées par ce titre

Mais alors, tous ces experts ne jouaient qu’un rôle ? Faisaient-ils tous semblant d’être intéressants et pertinents dans ce qu’ils disaient ?

Ne vous inquiétez pas, la seule vérité avérée qui ressort de cet article c’est que l’auteur a semble-t-il voulu se faire un petit peu mousser en attaquant l’une des communautés les plus réactives sur les médias sociaux.

 

En effet, après avoir contacté l’entreprise de recherche comScore (données marketing et services) citée dans l’article comme l’une des deux entreprises enquêtrices dans cette étude, il ressort qu’en aucun cas comScore Inc. ne travaille sur ces études ! (Je remercie au passage l’entreprise pour sa réactivité dans la réponse)

 

Toujours est-il que cet article appartient bel et bien à la catégorie du bullshit cherchant à raconter des calomnies totalement infondées afin de générer ce qui a dû être 95% de son trafic annuel.

Quelle conclusion ?

Finalement, après avoir explicité la nature totalement infondée de cet article (même s’il paraissait de toute façon plus fake que vrai), il ressort que tous les métiers associés au social media ne sont pas si simple qu’il semble le prétendre. Il nous démontre que le devoir, vis à vis de son audience, est de proposer du contenu propre, vrai et différencié.

Le buzz est une logique sympathique sur les 24 heures, mais laisse vite place au désert du mauvais contenu quand celui-ci n’a pas été réfléchi. Le titre, l’image, ou même les phrases choc ne sont rien comparé à un contenu à valeur ajoutée.

Il aurait pu, plutôt que de baser son contenu sur de fausses études, aborder son sentiment sur les problèmes inhérents à ce type de métier, donner des exemples et faire part de ses expériences. Enfin, laisser la possibilité à tout le monde de s’exprimer en ouvrant les commentaires est aussi une pratique courante lorsque l’on est sûr de son fait et ouvert au débat (contrairement à lui visiblement).

 Que pensez-vous de cet article ainsi que de toute cette affaire ?

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Crédits photo, Shutterstock

Gabriel Dabi-Schwebel: Ingénieur de formation, j'ai accompagné notamment pour Alcatel, TF1, SFR et Lagardère Active le lancement de nombreuses révolutions numériques : 3G, VoD, Triple Play, TV Mobile, Apps Smartphone, Smart Grid, etc. Ces expériences ont forgé mon expertise du marketing interactif et ma connaissance des technologies digitales. En 2012, après avoir mis en oeuvre personnellement dans le cadre de startups, l'approche de l'inbound marketing et en avoir mesuré les bénéfices, j'ai décidé de créer une agence. Je l'ai appelé 1min30. 1min30 correspondant au temps d'attention de l'utilisateur sur internet. Devenir son propre média et convertir son audience en client, beau challenge que nous avons à coeur de relever pour tous nos clients ! Depuis 2017 aussi, je suis conférencier sur la transformation digitale avec pour objectif de créer un électrochoc dans les entreprises. J'ai aussi lancé un Vlog Enjot the Day ! à retrouver sur le Youtube de l'agence. Vous souhaitez mettre en place une stratégie marketing efficace et rentable pour votre entreprise ? Rejoindre notre réseau d'agences en région ou l'international ? Organiser une conférence ou écrire un article autour de l'inbound marketing ? Contactez-moi et avançons ensemble.

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  • Cette phrase dit l'essentiel : "Le buzz est une logique sympathique sur les 24 heures, mais laisse vite place au désert du mauvais contenu quand celui-ci n’a pas été réfléchi. Le titre, l’image, ou même les phrases choc ne sont rien comparé à un contenu à valeur ajoutée." dommage que beaucoup ne l'ont pas encore compris. Bonne mise au point.

  • En effet, cela est un peu trop facile de taper sur une profession à l'aide de pourcentages dont il reste à prouver le bienfondé de l'étude. A nous de rester vigilant sur notre capacité à ne pas entretenir le système du clic facile en zappant ce type de parution légale.

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